Architecture du château et du parc de Bétange
Le parc et le château de Bétange, propriété privée de maîtres de forges, présentent plusieurs éléments architecturaux remarquables liés notamment au passé sidérurgique de la région.
Le château, reflet de l'histoire sociologique du Val de Fensch
Construit en 1828 par la Comtesse de Serre, le château de Bétange se présente avec un corps central flanqué de deux ailes. Au 19e siècle, l’une, au nord, abritait une chapelle et l’autre, au sud, un jardin d’hiver (serre). En 1926, lorsque le Comte et la Comtesse de Mitry, les parents et grands-parents des propriétaires, s’installent à Bétange, ils remanient intégralement le château notamment à l'intérieur pour le moderniser. Ces transformations ont presque été intégralement conservées aujourd’hui. Au niveau de l’architecture extérieure, ils font rehausser également les deux ailes, suppriment le clocheton central et réaménagent l’appendice d’entrée pour donner au château son aspect actuel.
Le château de Bétange est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH) depuis 2007. Il est, en effet, comme l’indique l’arrêté d’inscription « représentatif de l’histoire de la Grande Sidérurgie Lorraine par le témoignage qu’il représente de la persistance du goût pour l’architecture du 18e siècle ». Il est aussi le témoin « de l’histoire sociologique du Val de Fensch ».
Le château et la terrasse avec ses balustres sont construits en pierre calcaire de Jaumont. Des masques - d’hommes au rez-de-chaussée et de femmes au premier étage - viennent agrémenter la façade. On retrouve le même type de masques sur la façade de l’hôtel des douanes, rue du Bac, dans le 7ème arrondissement à Paris. Un immense cadran solaire est aussi visible sur l’une des cheminées du château.
La vitrine du savoir-faire des sidérurgistes lorrains dans le parc
Le parc de Bétange est le témoin du savoir-faire des sidérurgistes lorrains qui s’exprime à travers de nombreux éléments architecturaux :
Une grille d'enceinte en fer forgé de 4 km de long :
Nommément inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1993, elle entoure intégralement le parc de 65 hectares. Elle est composée d’une multitude de panneaux en fer forgé de 2 mètres de large comme les grilles des anciennes usines sidérurgiques du Val de Fensch. Plusieurs magnifiques portails permettent d’accéder dans le parc dont l’un est particulièrement remarquable et constitue l’accès principal du parc au bout de l’allée des marronniers.
Le kiosque japonais : une « petite folie » aux branchages de fonte sur son piédestal rocailleux. Il est constitué d’éléments en fer forgé savamment assemblés simulant des branches d’arbres et est couvert d’un toit en zinc.
Entouré d’eau, il offre un panorama romantique sur le château. Un endroit idéal pour y installer des musiciens ou seulement s’y reposer, à l’ombre, au bord de l’eau.
« Notre-Dame des Neiges » : cette statue de la Vierge érigée en 1882 par le Baron Théodore de Gargan fut bénie par l’évêque des Fidji qui accorda 100 ans d’indulgence à ceux qui la priaient. Elle fut érigée en mémoire du décés du Baron Auguste de Gargan, dont subsiste encore la plaque commémorative. Son apparence pourrait laisser croire qu’elle est en pierre mais, ne vous y trompez pas, nous sommes au pays du fer…
La vitrine du savoir-faire des sidérurgistes lorrains dans le château
À l'intérieur, l’escalier monumental est aussi l’expression du savoir-faire des maîtres de forge. Le raffinement a été poussé jusqu’à reproduire sur les lustres en fer forgé le dessin des circonvolutions présentes sur la rambarde de l’escalier.
D’autres éléments remarquables sont également à signaler : les lanternes et le magnifique évier en zinc dans l’office.
L'organisation cartésienne du château
Au centre, une bibliothèque, à droite une petite salle à manger puis une grande salle à manger, à gauche un petit salon puis un grand salon. Un vestiaire et un office viennent compléter le rez-de-chaussée.
Au sous-sol, une organisation à la « Downton Abbey » : cuisine, salle à manger du personnel, salle de découpe de la viande, chambre froide, cellier, stockage des fruits et légumes sur des grillages en fer, chaufferie, réserve de charbon...
Au premier et au deuxième étage des chambres avec leurs salles de bain particulières.
Au dernier étage, les chambres de service, la lingerie et la salle de séjour du personnel.
Chaque étage était desservi par un monte-charge, même l’étage du personnel, témoignage du savoir-être des maîtres de forge.
La ligne Maginot
Le promeneur sera étonné de rencontrer, bien dissimulés sous la végétation, 5 blockhaus numérotés de la ligne Maginot. En septembre 1938, l’Etat Major du Corps d’Armée colonial du Général Freydenberg s’installe à Bétange. Le Génie construit alors 5 abris bétonnés. Avec l’offensive allemande du 10 mai 1940 et la percée de Sedan, ce corps d’armée devra quitter Bétange sans que ces abris ne puissent servir.